Quelques secondes suffisent parfois à faire le buzz… mais aussi à porter atteinte à vos droits. Le clipping, pratique consistant à extraire et republier un court passage d’une vidéo, d’une musique ou d’une photo sur les réseaux sociaux, est aujourd’hui monnaie courante sur TikTok, X, Instagram ou Facebook. Qu’il s’agisse d’un hommage ou d’une recherche de monétisation, cette pratique peut poser de véritables problèmes juridiques pour les créateurs.
Vos créations desquelles sont tirées les « clips» sont-elles protégéables par le droit d’auteur ?
Elles sont automatiquement protégées, sans formalité, et quelle que soit leur durée, si elles présentent une forme concrète et sont originales (c’est-à-dire empreintes de la personnalité de leur auteur). Sous réserve des conditions d’utilisation du réseau social concerné, qui pourraient prévoir une licence ou une cession partielle des droits d’auteur, en reproduire ou en diffuser un extrait sans l’autorisation de son auteur peut constituer une violation du droit d’auteur, éventuellement accompagnée de pertes de visibilité et de revenus pour l’auteur.
Existe-t-il toutefois des exceptions ?
Certaines utilisations sont néanmoins permises, notamment dans un cadre d’enseignement, de recherche scientifique, d’usage privé, d’information, de citation, ou encore de parodie. L’application de ces exceptions aux contenus diffusés à des fins lucratives sur les réseaux sociaux est toutefois sujette à discussion, de sorte que tout risque de litige ne peut être écarté.
Et si le clipping était autorisé par le créateur ?
De plus en plus de créateurs choisissent de collaborer volontairement avec des « clippeurs », dans une logique de diffusion virale. Cette stratégie marketing peut se révéler avantageuse, à condition d’encadrer la relation par un contrat clair, afin de prévenir tout différend, de garantir une protection effective en cas de litige, et de renforcer sa position face à l’application éventuelle d’exceptions au droit d’auteur. Il convient, a minima, d’y définir les droits de reproduction, les conditions de rémunération, ainsi que les modalités d’usage du contenu.
Un nouvel enjeu dans le domaine de la publicité politique
Certains acteurs politiques rémunèrent désormais des clippeurs pour relayer leurs prises de parole, soulevant la question de la conformité avec le Règlement (UE) 2024/900 du 13 mars 2024 sur la transparence de la publicité politique, applicable depuis le 10 octobre 2025. Là encore, la pratique du clipping soulève de nouvelles interrogations juridiques.
Notre conseil :
Avant toute diffusion ou collaboration, veillez à encadrer l’utilisation d’extraits de vos créations dans un contrat clair. Protégez vos droits d’auteur et anticipez les questions de monétisation et de réutilisation. En ce qui concerne les clips à caractère politique, gardez à l’esprit que la publicité politique est règlementée.
Notre équipe Creativity de Lexing vous accompagne pour faire valoir vos droits, sécuriser vos partenariats et veiller à la bonne application des législations en vigueur.
Consultez nos ressources dédiées au droit d’auteur et au contrat TIC et à la publicité sur les plateformes en ligne.
Auteurs : Bradley VANDEVORST et Alexandre CRUQUENAIRE, avocats chez Lexing